Le retour du slim : pour ou contre ? Et comment le porter ?
Ce retour du slim ne serait pas tant une tendance qu’un symptôme ? Celui d’une mode qui serre la vis, qui réduit le bruit, qui cherche un nouveau langage de la netteté.
On pensait l’avoir exilé pour de bon. Relégué à l’ère Indie Sleaze, quelque part entre le perfecto noir et les open bars Coachella. Et pourtant, comme tous les basiques trop aimés, trop portés, trop décriés, le slim revient. Pas timidement, non — frontalement. Et ce n’est pas un accident.
La saison automne-hiver 2024-2025, à Paris comme à Milan, a acté son retour. Chez Acne, il se porte en version délavée, entre bootcut et slim, dans une ambiance grunge chic et foulard lavallière. Diesel, toujours à l’avant-garde du cool post-Y2K, le propose taille super basse, très coulant, sous des gros sweats grunge (pas ma tasse de thé). Miu Miu en fait une base organique pour ses jeux de coupes et de tailles. Et chez Balenciaga, le slim est partout : redessiné au plus près du corps, porté avec des cuissardes ou des manteaux monumentaux — silhouette tunnel, silhouette bouclier.
Le slim n’est pas là pour flatter. Il structure. Il trace une ligne. Il efface les courbes plutôt qu’il ne les souligne. Et cette tension — entre invisibilisation du corps et ultra-rigueur — dit quelque chose de notre époque.
Un retour symptomatique
Pourquoi maintenant ? Parce que la mode se purge.
Des silhouettes larges jusqu’à la caricature ont dominé les cinq dernières années : pantalons cargos, denims baggy, jupes parachute, volumes disproportionnés. Le slim revient comme une contre-forme, une réponse silencieuse au grand relâchement. Il est l’anti-débordement. Le vêtement qui se tient, qui resserre, qui contient.
Il n’est pas confortable. Il est contrôlé.
Et ce n’est pas un hasard si ce sont des maisons à forte empreinte esthétique qui le réhabilitent. Chez elles, la silhouette est un outil de pouvoir, pas une promesse de douceur.
Le post-skinny : ni nostalgique, ni pratique
Ce retour n’a rien de sentimental. Il n’a rien à voir avec une régression Y2K naïve ou un besoin de sécurité vestimentaire. Il est froid, presque clinique.
Chez les créateurs, il ne s’agit pas de “raviver” le slim, mais de le désincarner, de le réintégrer dans un langage contemporain. Ce n’est plus un jean qui colle à la peau, c’est une structure. Un support. Une trace.
Là où, dans les années 2010, le slim se portait avec des ballerines et un trench “effortless”, il s’inscrit aujourd’hui dans des silhouettes radicales, tranchées.
Une pièce à reconsidérer, pas à réchauffer
Le slim n’est pas à “ressortir”. Il est à réinterpréter.
On ne parle pas ici du jean stretch fatigué des années fast fashion, mais d’un denim affûté, repensé par les designers comme un élément d’ossature. Il ne cherche pas à séduire, mais à dessiner une silhouette contemporaine.
Alors, faut-il s’y remettre ? Peut-être.
Pas par nostalgie. Pas pour suivre. Mais pour comprendre ce qu’il dit.
Car ce retour du slim n’est pas tant une tendance qu’un symptôme. Celui d’une mode qui serre la vis, qui réduit le bruit, qui cherche un nouveau langage de la netteté.
Traduire ça dans la vraie vie : comment porter le slim sans le subir
Parce que c’est très ok sur podium, mais le matin, devant son armoire, il faut du concret.
1. Jouer sur les contrastes de volume
Un slim noir avec un manteau en laine à épaulettes et des grosses boots crée une silhouette graphique sans effort.
→ À retenir : équilibrer l’étroitesse des jambes par une ampleur contrôlée.
Ci-dessus : jean Sezane, manteau Frankie Shop, bottines Prada
2. Miser sur l’uniforme neutre
Slim gris anthracite, pull noir, bottes motardes.
→ Un uniforme affûté, silencieux, sans âge.
→ Le détail qui change tout : un sac rigide, des bijoux métal froid.
Ci-dessus : jean 7 for all Mankind, pull Jardin des Orangers, bottes Miu Miu, sac Balenciaga, boucles d’oreilles Balenciaga
3. Aller vers la bottine forte ou la cuissarde
Le slim rentre dans une botte cavalière.
→ Éviter les stretchs brillants, préférer un denim rigide ou enduit.
Ci-dessus : bottes Coperni, jean Toteme
4. Lisser les lignes
Encadrer le slim avec des pièces nettes : chemise blanche droite, blazer sans cintrage.
→ On pense ligne, pas courbe.
Ci-dessus : jean Alaia, chemise Toteme, blazer Acne,
5. Ne pas le styliser “comme avant”
On oublie les ballerines, les perfectos courts, les tuniques bohèmes.
→ Le slim version 2025 n’est pas un revival : c’est une base graphique à réinventer.